Le 7 mars, l’intersyndicale nationale appelait à « mettre le pays à l’arrêt ». La Gauche Ecosocialiste se réjouit du puissant mouvement social en cours , dans lequel ses militant.es sont engagé.es. Mouvement qui ne faiblit pas, avec des manifestations historiques dans de très nombreuses villes y compris les plus petites (plus de 250 cortèges mardi dernier), et des chiffres de grève impressionnants dans de nombreux secteurs du public et du privé, après plus d’un mois et demi de mobilisation. Avec des grèves reconduites depuis le 7 mars à la SNCF, à EDF, dans les raffineries, dans les transports urbains, dans le secteur du nettoyage et dans la filière portuaire. En outre des centaines de blocages se sont tenus et se tiennent encore, et de nombreuses actions, interprofessionnelles ou non, sont conduites, y compris dans les entreprises privées, dans le secteur de la logistique notamment. Dans ce cadre, à l’occasion de la journée du 8 mars, la grève féministe a donné lieu à des manifestations massives dans tout le pays.
L’unité syndicale maintenue contribue à la profondeur et à l’étendue du mouvement en cours. Un mouvement social qui s’exprime massivement dans la puissance des manifestations nationales à l’initiative de l’intersyndicale depuis le 19 janvier, qui ont atteint des niveaux de participation inégalés dans l’histoire des mouvements sociaux en France. Par bien des aspects ce mouvement est exceptionnel. Il exprime la profondeur du rejet de la contre-réforme des retraites engagée par le gouvernement Macron-Borne, l’indignation et la colère face aux conditions profondément anti-démocratiques du processus parlementaire engagé par le gouvernement et, face à sa surdité, il crée les conditions d’une crise démocratique majeure.
Le gouvernement a perdu la bataille de l’opinion : la réforme est massivement rejetée et les mobilisations sont massivement soutenues, y compris dans le cadre du durcissement opéré dans certains secteurs depuis mardi. Il a perdu dans la rue, puisque les mobilisations ne faiblissent pas. Il a perdu à l’assemblée, où il n’est pas parvenu à imposer le vote du projet de loi. Et il est si fébrile qu’il menace les député.es Renaissance d’exclusion si elles/ils s’avisaient de ne pas voter pour son projet de loi. Il force la décision au sénat en imposant un vote bloqué. Il est clair désormais qu’il est très loin d’être assuré d’une victoire au Parlement, et dans ces conditions l’activation du 49.3 semble de plus en plus clairement être son dernier recours. Preuve à la fois de sa faiblesse et de la brutalité institutionnelle qu’il est prêt à mettre en œuvre.
En réalité, le roi est nu et cela se voit. Emmanuel Macron, a été élu au second tour dans les circonstances que l’on sait, il dirige le pays sans majorité présidentielle à l’assemblée. Depuis le 19 janvier il est aux abonnés absents face à un mouvement social d’une profondeur et d’une durée inédite qui est la traduction du rejet ultra majoritaire de la politique qu’il conduit. Il est allé jusqu’à refuser de recevoir les représentant.es de l’intersyndicale nationale… Va-t-il imposer une réforme à laquelle s’opposent 96% des actives et actifs ? Va-t-il faire le lit de l’extrême droite, qui pourrait profiter d’une défaite et du ressentiment populaire, alors même qu’elle est absente du mouvement ? C’est tout l’enjeu des prochains jours. C’est l’enjeu de la mobilisation sociale, mais plus largement d’une puissante mobilisation populaire, qui doit se hisser à la hauteur des enjeux démocratiques de la séquence et trouver sa traduction non seulement dans le durcissement des grèves et la reconduction des actions des salarié.es en lutte, mais dans l’expression du refus majoritaire de cette réforme dans des rassemblements de masse, notamment à l’occasion de la journée du samedi 11 mars et au-delà.
Un pays à l’arrêt et un pays dressé dans la révolte contre le coup très grave porté par le gouvernement à la démocratie, voilà le niveau nécessaire pour faire céder des gouvernants qui ont rompu les amarres avec lui. La gauche rassemblée au sein de la NUPES sur une base de rupture, a dans ce contexte un rôle essentiel à jouer : des trois visions de la société qui s’affrontent au parlement et dans le pays, la nôtre est celle qui répond au mouvement social en cours. En l’appuyant de toutes ses forces rassemblées et en donnant toute sa portée concrète à la possibilité d’une autre politique, elle contribuera à mettre Macron et son gouvernement en échec, à imposer la volonté populaire de ne pas subir un nouveau recul social, et finalement à ouvrir la voie à d’autres victoires.
Nous pouvons gagner !